Si les indicateurs d’activité dans les services ont déjà commencé à ralentir, tout en restant en territoire d’expansion, l’activité reste cependant soutenue. L’ISM manufacturier a, par exemple, surpris à la hausse en mai, ce qui a pesé sur les taux longs. Plus encore, c’est le marché du travail qui occupe l’attention des investisseurs, avec toujours de forts déséquilibres entre l’offre et la demande, ce qui entretient les pressions inflationnistes, notamment sur les salaires. Le rapport sur l’emploi pour le mois de mai était donc scruté de près la semaine dernière, car à même d’impacter la trajectoire monétaire pour la fin d’année. Si le rapport de l’ADP, publié quelques jours plus tôt largement sous les attentes, pouvait laisser entrevoir un rapport sur l’emploi en demi-teinte, il n’en a finalement rien été. Les créations d’emplois sur le mois sont ainsi ressorties au-dessus des attentes en mai malgré les vents contraires sur l’économie américaine. Le nombre d’emplois total n’est ainsi plus qu’à 0.5% de son niveau pré-covid, avec cependant des disparités encore fortes en fonction des secteurs, et le taux de chômage reste toujours quasiment sur ses plus bas à 3.6%. La Fed a donc encore les coudées franches pour poursuivre sa politique monétaire restrictive devant la solidité de l’économie américaine et les déclarations des membres FOMC la semaine dernière ont plutôt été hawkish, signe que le ralentissement du rythme de hausse des taux en septembre n’est pas encore totalement acquis. Parmi les signaux militant pour un apaisement des tensions sur le marché du travail, on observe la poursuite du redressement du taux de participation, avec une accélération notable de celui concernant les femmes. Sur les salaires, le pic des tensions semble aussi être passé, avec une hausse mensuelle sous les attentes et une baisse en glissement annuel (5.2% contre 5.5% le mois précédent, cf. graphique de la semaine).
En Europe, la pression sur la BCE se fait de plus en plus forte après la nouvelle surprise à la hausse sur les chiffres d’inflation (8.1% en mai pour la zone euro contre 7.8% attendu et 7.5% en avril). La zone, en décalage avec les Etats-Unis, n’a pas encore atteint le pic d’inflation et est, par ailleurs, davantage impactée par la crise énergétique. La réunion de la BCE sera donc à suivre de près cette semaine, d’autant plus que les taux, sur le court comme sur le long terme, ont fortement progressé et que les tensions sur les pays périphériques ne sont pas loin de ressurgir.